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dimanche 20 décembre 2009 Mis à jour le 5 janvier 2017
Tout comme les multinationales, les banques et les fonds spéculatifs sont surreprésentés dans les paradis fiscaux. Ils utilisent les avantages offerts par ces territoires pour leurs clients mais aussi pour leur propre compte.
Premier avantage : le secret bancaire et l’anonymat organisé grâce à l’opacité juridique permettent aux banques et autres fonds spéculatifs de faire fructifier, à l’abri du fisc, le patrimoine de leurs riches clients, mais aussi d’offrir des services « d’optimisation fiscale » aux multinationales. C’est d’ailleurs la raison invoquée par les banques quand on leur demande de s’expliquer sur leur présence dans les paradis fiscaux : elles répondent à la demande de leurs clients… Certains clients particuliers, soucieux de blanchir de l’argent de la drogue ou du crime, ou certaines multinationales aux pratiques illicites (corruption, détournements, comptabilité truquée ou évasion fiscale), sont les principaux bénéficiaires de l’opacité des paradis fiscaux.
Toutefois, les banques sont aujourd’hui soumises – du moins les banques conventionnelles situées dans les pays conformes aux recommandations du GAFI – à des règles de vigilance très strictes contre le blanchiment d’argent. Les dirigeants des banques étant directement menacés de finir derrière les barreaux, les établissements bancaires ont rapidement étoffé leurs équipes pour se mettre en conformité avec la loi ! Reste que les circuits pour blanchir l’argent sont multiples…
Deuxième avantage : les paradis fiscaux sont aussi souvent des paradis réglementaires. En s’abstenant d’appliquer un certain nombre de règles internationales de prudence financière, ils favorisent des activités de crédit et de spéculation tout en s’affranchissant du contrôle des autorités financières en vigueur dans les autres pays. C’est ainsi que certains acteurs financiers internationaux ont joué avec le feu en localisant via leurs filiales dans les paradis fiscaux leurs activitésles plus risquées dans ces territoires. Ces activités parfois hors bilan ont été révélées au grand jour, lors de la crise financière, obligeant parfois leurs gouvernements à les soutenir pour éviter la faillite.
Même si les paradis fiscaux ne sont pas à l’origine de la crise, mais ils ont contribué à la vulnérabilisation du système financier mondial.
En favorisant le mouvement incontrôlé des capitaux spéculatifs et la mise en circulation de produits financiers toxiques et en facilitant la création d’une comptabilité hors des bilans des banques, ils ont encouragé la prise de risque et privé les réfulateurs de leur capacité à identifier les failles du systèmes. Qu’il s’agisse des déboires de la banque britannique Northern Rock (dont l’endettement de court terme passait par sa filiale Granite installée à Jersey), de l’américaine Bear Stearns (touchée par les déboires de ses fonds spéculatifs installés pour partie à Dublin, pour partie aux Caïmans), de l’allemande Hypo Real Estate, des banques islandaises et des fraudes de Bernard Madoff, les principaux évènements de cette crise passent par les paradis fiscaux.
Il faut renforcer les sanctions en matière de délinquance économique et financière en réprimant plus sévèrement et plus systématiquement les intermédiaires (comptables, avocats, banquiers, etc.) qui se rendent complices d’opérations délictueuses via les paradis fiscaux.
Le rapport "Economie Déboussolée" du CCFD Terre Solidaire, de décembre 2010
Photo de tomquah sous licence Creative Commons.
Née en 2005, la Plateforme Paradis Fiscaux et Judiciaires réunit 19 organisations de la société civile française engagées dans la lutte contre les paradis fiscaux, la fraude et l’évasion fiscales telles que des syndicats, des ONG de développement, des associations de lutte contre la corruption, des mouvements citoyens...
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